Catalogue de l'exposition "Masques et Totems" de Jean René Laval à l'Espace Lawrence Durrell, Sommières, Mai-Juin 2000 - Préface d'Annie Maïllis.

Jean-René Laval poursuit deux activités parallèles : son métier d'instituteur à Aujargues et son travail de sculpteur à Sommières où il réside. Fers tordus, cabossés, corrodés, sont le matériau de prédilection auquel il imprime sa marque en les assemblant, soudant, découpant.
La démarche du sculpteur s'articule donc autour de la récupération-transformation d'objets usagés, issus pour la plupart des décharges ou déchetteries (fer à béton, ficelles plastiques, poteaux industriels, bois de chantiers...). Les matériaux complémentaires sont empruntés aux techniques du bâtiment (béton, plâtre, goudron, colle à carrelage...)
Jean-René Laval Il hante les décharges à la recherche de pièces de métal, jadis utiles, puis devenues rebuts et il leur donne une seconde vie. Ce qui a été rejeté, détruit, abandonné se voit promu fétiche, trophée, statue.


Une partie des oeuvres est réalisée par assemblage (soudure à l'arc, clouage) d'objets ou de fragments sur lesquels l'artiste réduit son intervention autant que possible. Le regard rencontre une forme qui, une fois isolée, se mettra à "re-présenter" l'objet qui s'est imposé dans son évidence. "La Danse" est bâtie sur cette proposition. Une autre partie des oeuvres procède de l'accumulation ou du traitement répétitif d'un élément de la sculpture : l'effet incantatoire recherché rejoint d'une certaine façon la statuaire religieuse primitive. D'autres oeuvres fonctionnent sur le mode d'un détournement ludique d'objets de la vie courante, ainsi érigés en emblèmes dérisoires d'une modernité déchue.


Toutes ces oeuvres rappellent l'Afrique où un séjour prolongé en Côte d'Ivoire l'a initié et attaché à l'art nègre.
Masques et totems observent le silence serein des momies, mais l'humour est également présent dans ces drôles de bonhommes-serrures hérissés, ce monsieur-douche aux souliers plâtrés, ces oiseaux arrogants, pavanant leur nasse ou faisant la roue d'une scie.
La structure calligraphique de certaines pièces inscrit le mouvement dans ses lignes à déchiffrer dans une lecture tri-dimensionnelle. Le fer se fait alors fil à dérouler dans l'espace des signes qui brouillent le regard de leurs graffitis suspendus.
Jean-René Laval reconnaît son admiration pour Tapiès, Basquia, Dubuffet des années 50, ou Picasso sculpteur, toutes influences sensibles dans une production rattachée à un univers intime.


Annie Maïllis